KAIOWA HEYOKA
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Je souhaite poser quelques mots pour éclairer certains points de l 'épisode diffusé récemment sur Arte Tracks, consacré à la pratique du clown-chaman.
Je remercie l’équipe du film pour leur regard et leur volonté de témoigner d’une approche singulière. Toutefois, certains choix de montage et d’interprétation m’amènent à apporter des précisions essentielles.
La pratique du clown-chaman telle que je la transmets n’est pas une approche thérapeutique, ni une méthode de guérison.
Il est vrai que notre travail se déroule dans un espace de soin, au sens où il permet parfois de délier, d’alléger, de détendre, mais il ne s’agit pas d’une pratique thérapeutique ni d’une méthode de développement personnel. Le soin y est un climat, pas un protocole. La détente y est une conséquence, pas un objectif.
Notre démarche s’inscrit avant tout dans le champ du jeu, de la conscience et de la mise en mouvement du vivant.
Ce qui compte dans cette pratique, ce n’est ni l’état du joueur, ni la charge émotionnelle qu’il porte, mais son intention.
Ce clown-chaman cherche simplement à dédramatiser les histoires de la personnalité, à les rendre traversables, respirables, parfois même risibles non pour s’en moquer, mais pour en alléger le poids.
C’est une voie de lucidité joyeuse, un art du désamorçage par le cœur.
Ces clowns chamans œuvrent pour ouvrir d’autres possibles non pas pour expliquer le monde, mais pour l’ouvrir.
Ils rappellent que l’on peut regarder la réalité autrement, sans la dramatiser, sans la fuir, simplement en la déplaçant d’un degré.
Il me semble aussi important de préciser que je ne m’inscris pas dans une mouvance chamanique dite “New Age”.
Ce que je transmets ne vient ni de stages ni de modes, mais d’un chemin tissé dans le temps : l’héritage de ma grand-mère, la rigueur du bouddhisme tibétain, et cette lente maturation intérieure qui apprend à reconnaître le sacré dans le simple.
Et c’est pourquoi il est essentiel de comprendre que ce que l’on voit à l’écran n’est qu'un clin d’œil sur la pointe émergée d’un travail qui, lui, ne peut pas être filmé.
L’incorporation de l’allié maître-folle par exemple est la conséquence d’un long processus de conscience, de vision du monde, et de discipline intérieure.
Ce n’est pas “sauter partout”, ce n’est pas “appuyer sur un bouton” : c’est une pratique exigeante, qui demande une vie de maturation.
J’ai pris le temps de l’expliquer lors de l’interview notamment sur la notion d’esprit, de disposition intérieure, et sur le fait qu’en quatre minutes, on ne peut pas rendre compte de cette profondeur.
Une émission de trente minutes aurait déjà permis de présenter la diversité des regards sur le clown-chaman en France, et le sens de cette dénomination.
Enfin, je tiens à répondre aux commentaires qui évoquent l’appropriation culturelle.
La pratique que je propose ne s’approprie pas de rite traditionnel spécifique.
Le tambour existe depuis la nuit des temps sur tous les continents et je tape sur un tambour depuis l’enfance.
Nous avions longuement évoqué cela avec le journaliste, rien n’a été gardé au montage.
L’essence du clown-chaman tel que je le ressens n’est pas dans le spectaculaire, la provocation ou la démesure, mais dans la sincérité du geste, la qualité du lien, et la justesse de l’intention. Et oui, des fois il chuchote et des fois elle crie.. Et toujours les montages qui sont réalisés sur ce travail garde seulement les moments de craquage, de cris, d'insultes, de délires, de volume bien monté !!! Car la douceur ne semble pas marquer les esprits autant que le « bordel »... peut être... Je ne comprends pas pourquoi cet engouement pour le bruit...
L’humain se révèle à travers le jeu, nul intention de briller, mais bien être en présence, en respect... pour se rencontrer.
Je reste reconnaissante à l’équipe du film d’avoir souhaité mettre en lumière cette démarche.
J’espère simplement que ces quelques mots permettront à chacun.e de percevoir la profondeur de ce travail, et d’en approcher le véritable sens.
PS : la séquence sur la biopsie du sein a été filmée dans un cadre d’entraînement sans public. Il ne s’agissait pas de « faire une biopsie chamanique », mais d’accompagner une personne qui avait déjà vécu cet acte médical, afin d’alléger l’empreinte mémorielle de ce souvenir. Ce contexte n’a pas été conservé au montage.